- Aurys |
- 11 décembre 2024 |
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Le Danemark franchit une étape inédite en matière de fiscalité des cryptoactifs. Selon des annonces récentes, le pays s’apprête à devenir le premier au monde à imposer non seulement les plus-values générées par les cryptomonnaies, mais également leur simple détention. Cette décision, qui marque un tournant historique dans la régulation des actifs numériques, soulève des questions sur son impact économique et éthique.
Une fiscalité rétroactive et stricte
Le mécanisme proposé est simple, mais radical. Chaque détenteur de cryptomonnaies devra déclarer chaque année la valeur globale de son portefeuille. L’impôt sera calculé sur la différence entre le prix d’acquisition initial et la valeur marchande des actifs au 31 décembre de l’année concernée, qu’ils aient été cédés ou non. Par exemple, un bitcoin acheté en 2010 pour 10 euros serait imposé sur sa valeur au 31 décembre 2026.
Cette mesure rétroactive, applicable sur des avoirs acquis depuis janvier 2009, risque de bouleverser les portefeuilles des investisseurs, notamment ceux qui détiennent des actifs numériques depuis les débuts du Bitcoin. Les taux d’imposition pourraient atteindre 42 %, un niveau que seul le Danemark et peut-être l’Italie envisagent à ce jour.
Un impôt perçu comme confiscatoire
Les critiques n’ont pas tardé à qualifier cette taxe de « confiscatoire ». Pour les détenteurs de cryptomonnaies, cette nouvelle réglementation pourrait les obliger à vendre leurs actifs pour payer leurs impôts, mettant en péril leurs stratégies d’investissement à long terme. Avec des taux d’imposition parmi les plus élevés en Europe, ce dispositif pourrait dissuader certains investisseurs ou les inciter à se tourner vers des juridictions plus favorables.
Une Europe en quête de recettes fiscales
Ce projet danois s’inscrit dans une dynamique européenne plus large. Face aux déficits publics croissants, les gouvernements multiplient les initiatives pour taxer les nouvelles classes d’actifs. Les autorités attendent désormais des plateformes d’échange une transparence totale, avec une collaboration accrue à l’échelle européenne pour identifier et surveiller les détenteurs de cryptomonnaies.
Un signal pour les autres nations ?
Le Danemark pourrait bien inspirer d’autres pays européens, à commencer par la France. Alors que certains investisseurs se plaignaient récemment de la flat tax française (actuellement à 30 %), l’exemple danois pourrait inciter d’autres gouvernements à durcir leur fiscalité sur les actifs numériques. Avec l’intérêt croissant pour le Bitcoin et les cryptomonnaies, le « resserrement fiscal » semble être une tendance inévitable.
Une opportunité manquée pour l’innovation ?
Si cette mesure vise à encadrer un secteur encore perçu comme échappant aux règles traditionnelles, elle pourrait aussi freiner l’innovation. Les cryptomonnaies, souvent vues comme une opportunité pour dynamiser l’économie numérique, risquent de perdre leur attractivité pour les investisseurs européens.
Le débat est donc lancé : faut-il encadrer davantage les cryptomonnaies au prix d’un risque de fuite des capitaux et d’une démotivation des investisseurs ? Le Danemark ouvre la voie, mais la question reste entière pour le reste de l’Europe.