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- 12 novembre 2025 |
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Introduction
Depuis 2022, les valorisations des startups ont connu une chute brutale.
Ce phénomène, appelé “downround”, s’est généralisé dans tout l’écosystème de la French Tech.
Mais derrière les effets d’annonce, peu d’acteurs comprennent les véritables raisons de cet effondrement — et surtout ses conséquences sur les BSPCE, les pactes d’actionnaires et les levées à venir.
Dans cet article, je vous explique les causes réelles de cette correction, les erreurs commises par de nombreuses startups et les précautions à prendre avant votre prochaine levée de fonds.
1/ Un retournement de cycle inévitable
Entre 2020 et 2021, les conditions de marché ont favorisé une inflation artificielle des valorisations :
-Taux d’intérêt historiquement bas,
-Liquidités abondantes,
-Compétition accrue entre fonds d’investissement.
Les levées de fonds s’enchaînaient à des multiples de revenus parfois déconnectés des fondamentaux économiques.
Cette situation n’était pas soutenable.
Le durcissement des conditions de financement à partir de 2022 (hausse des taux, contraction du capital-risque) a entraîné un retour à la réalité des valorisations.
2/ Le vrai problème : la confusion entre prix et valeur
Beaucoup de fondateurs ont confondu prix de levée et valeur économique réelle.
La valorisation affichée lors d’une levée de fonds est avant tout le résultat d’une négociation entre investisseurs et fondateurs, pas une valeur de marché objective.
Les investisseurs disposent de protections spécifiques :
-Clauses de liquidation préférentielle,
-Anti-dilution,
-Droits de ratchet,
-Priorités de sortie.
Ces droits augmentent la valeur économique de leurs titres, tandis que les actions ordinaires des fondateurs perdent mécaniquement en valeur relative.
3/ Pourquoi les BSPCE sont directement impactés
Lorsqu’une startup attribue des BSPCE après un tour de financement, le prix d’exercice doit être fixé sur la base de la valeur des actions ordinaires, et non sur la valorisation globale post-money.
Or, dans un marché en baisse :
-Les écarts de valeur entre actions ordinaires et actions de préférence s’amplifient,
-La valeur réelle des BSPCE baisse fortement,
-Et les plans d’intéressement établis sur des hypothèses anciennes deviennent obsolètes.
C’est l’une des principales causes de démotivation des salariés dans les startups ayant levé à des valorisations trop élevées.
4/ Les erreurs commises pendant les levées précédentes
De nombreuses sociétés ont levé des montants importants sur des hypothèses de croissance irréalistes.
Elles ont souvent :
-Négligé la rentabilité,
-Ignoré la dilution future,
-Et signé des pactes d’actionnaires très protecteurs pour les investisseurs.
Résultat : lorsque le marché se retourne, ces mêmes clauses amplifient la baisse de valeur pour les fondateurs et les salariés.
5/ Comment anticiper la prochaine levée de fonds
Pour éviter les erreurs du passé, il est indispensable de :
-Valoriser la société avec rigueur, à partir d’hypothèses prudentes et cohérentes,
-Analyser les préférences financières existantes dans le pacte d’actionnaires,
-Mettre à jour les évaluations des BSPCE avant toute nouvelle attribution,
-Et faire appel à un expert indépendant pour établir une valeur défendable en cas de renégociation.
Une valorisation maîtrisée ne réduit pas la crédibilité de la société — elle garantit sa soutenabilité à long terme.
6/ En résumé
-La baisse des valorisations n’est pas conjoncturelle, elle reflète un retour à la valeur réelle.
-Les BSPCE et Management Packages sont directement touchés.
-La clé, c’est une évaluation indépendante et une gestion rigoureuse du capital.
-Mieux vaut une valorisation réaliste qu’une surévaluation rapidement corrigée par le marché.
Vidéo associée
Voir la vidéo complète sur YouTube
(Épisode 3 – “Pourquoi les valorisations des startups s’effondrent”)
À propos de l’auteur
Hugo Michelas, Associé chez Groupe Aurys, est expert en évaluation d’entreprise et en valorisation d’instruments financiers (BSPCE, BSA, Management Packages).
Il accompagne les startups, PME et fonds d’investissement dans la structuration et la sécurisation de leurs plans d’intéressement et de leurs opérations de levée de fonds.
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